La situation des droits de l’homme en Haïti est ineffable. Les données fournies par les organismes de défense des droits humains sont plus que préoccupantes et peuvent provoquer le larmoiement. Le comble, à chaque fois que l’on croit voir la fin du tunnel, on constate que ce n’est pas le cas. Les droits de l’homme sont violés au quotidien d’une manière exagérée.
Haïti a signé et ratifié de nombreuses conventions internationales relatives aux droits de l’homme. Le corpus juridique haïtien ne manque pas de textes consacrant le respect des droits humains. Pourtant, c’est dans ce pays que ces droits sont les plus violés dans la région.
Au cours de l’année 2024, le nombre de cas de violations des droits de l’homme en Haïti est considérable. Jusqu’à date, aucune disposition sérieuse n’est prise de la part des autorités étatiques pour remédier à cette situation qui ne cesse de s’aggraver.
Nos ancêtres avaient fait de cette terre une terre de liberté, mais nos dirigeants contemporains l’ont transformée en enfer où même le droit le plus sacré (le droit à la vie) est menacé instant par instant. Aucun citoyen n’est à l’abri des violations graves de ses droits. La jouissance des droits inhérents à la personne humaine n’est qu’une utopie.
Si on réchappe encore de la violence des gangs qui sévit dans le pays, les dirigeants n’y sont pour rien. Les riverains de Pont Sondé (localité relevant de la commune de Saint-Marc) peuvent en témoigner. Plus d’une centaine d’entre eux ont été tués, au début du dernier trimestre de l’année en cours, par des bandits armés. Malgré l’annonce de ce massacre par les bandits sur les réseaux sociaux plusieurs semaines à l’avance et l’avertissement lancé par la société civile aux dirigeants, rien n’a été fait pour éviter cette effusion de sang. Cela démontre à quel point le droit à la vie est insignifiant pour les dirigeants. Point n’est besoin de parler, par exemple; du droit à la nourriture, du droit à la sûreté, du droit à l’intégrité physique, du droit d’aller et de venir, du droit à la santé, du droit à l’éducation, du droit d’accès à la justice, etc.
Les citoyens du pays vivent une situation crève-cœur. Ils ne savent à quel saint se vouer. Ils sont confrontés à une insécurité alimentaire sans précédent. Ils ont besoin de la protection et de l’aide humanitaires, notamment les enfants souffrant de malnutrition aiguë. Ils n’ont pas de logements décents, certains dorment à même le sol.
L’accès aux soins de santé n’est pas garanti comme dans d’autres pays où les dirigeants sont dignes de leur nom. L’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (l’Hôpital Général), le plus grand centre hospitalier public du pays, est saboté. Les professionnels de santé ont vidé les lieux et laissé les malades à la merci de la providence.
L’éducation n’est plus une priorité pour les dirigeants actuels, puisque l’éducation de leurs fils est confiée aux blancs. Cette année académique, élèves et étudiants sont abandonnés à leur triste sort. Outre des bureaux et places publics, certains établissements scolaires et universitaires sont transformés en refuge pour des déplacés forcés, et d’autres abandonnés à cause les attaques meurtrières des gangs. Les lycées Pierre Eustache Daniel Fignolé, La Saline, Alexandre Pétion, Toussaint Louverture, Fritz Pierre-Louis, les facultés Odontologie, des Sciences, de Médecine et de Pharmacie, de Droit et des Sciences Économiques, etc. sont abandonnés. Les lycées Marie-Jeanne, Anténor Firmin, du Cent Cinquantenaire communément appelé Lycée des Jeunes Filles, la Faculté Linguistique Appliquée…abritent encore des déplacés involontaires.
Le droit à un procès équitable n’est pas effectif. La justice se vend. Le système judiciaire en soi est comme un cadavre en putréfaction. Il est composé, en grande partie, de vauriens et de corrompus très décriés. Ils ne travaillent pas, mais perçoivent leurs salaires et jouissent les privilèges accordés dans l’exercice de leurs fonctions (sinécure). Une minorité d’entre eux a été écartée du système pour complicité d’incendie, rançonnement des justiciables, libération en échange d’argent, arrestation arbitraire, abus d’autorité, absence d’intégrité morale, implication dans des actes de spoliation et de bandes armées, comportement indigne, manquement grave à l’éthique, insuffisance académique et faux jugement de divorce. Aucune poursuite n’est déclenchée à l’encontre de personne.
La population souffre, les autorités de l’État se réjouissent. La population meurt de manière tragique, les dirigeants profitent de la vie avec leurs familles. Le pouvoir d’achat de la population diminue considérablement, les autorités gouvernementales ont le trésor public en main. Des citoyens n’ont même pas une masure, des dirigeants ont des frais de deuxième résidence. Le peuple n’a plus d’espoir et crève de faim, les hauts placés de l’État mangent à satiété aux frais de la princesse. Le Conseil Présidentiel de Transition, la Primature, les directions générales et les secrétairies d’État sont des abîmes pour la République. Ceux qui se disent autorités perçoivent des salaires et profitent des privilèges indus. On dirait qu’on a affaire avec des mercenaires.
Le peuple haïtien est laissé pour compte. Massacres, disparitions forcées, traite des personnes, arrestations et détentions arbitraires, déplacements forcés, traitements cruels et inhumains, tortures, exécutions sommaires, brutalités policières lors des manifestations, kidnappings, vols, viols (collectifs), violences sexospécifiques, pour dire peu. Voilà des cas de violations dont est victime tous les jours la population haïtienne.
L’État haïtien ignore ses responsabilités en matière des droits de l’homme. Il pose même certains actes entravant la jouissance de ces droits. Les victimes de violations des droits de l’homme n’ont pas accès véritablement à des recours juridiques, car la corruption et l’incompétence au sein de l’appareil judiciaire sont des obstacles majeurs à l’exercice de ce droit.
Haïti est au bord de l’effondrement. Les droits de l’homme ne sont pas respectés, ni protégés ni promus. La population haïtienne, vulnérable comme elle seule, se trouve entre le marteau du regroupement criminel dénommé ‘’Vivre Ensemble’’ et l’enclume des dirigeants insouciants de l’État.
Marius MARECHAL
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