Un nouveau cabinet ministériel a été nommé en Haïti sous la direction du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé. Malgré ces changements, la crise sécuritaire reste plus que jamais présente, les gangs continuant de semer la terreur dans la capitale. Tandis que des quartiers entiers sont désertés et que des milliers de déplacés s’entassent dans des conditions précaires, les actions concrètes du gouvernement tardent à porter leurs fruits.
Le 15 novembre 2024, un arrêté présidentiel a confirmé la nomination d’un nouveau cabinet ministériel en Haïti, dirigé par le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé. Malgré ce remaniement, la population reste désespérément plongée dans une crise sécuritaire sans précédent. Les gangs armés continuent de terroriser plusieurs quartiers de la capitale, notamment Solino, Delmas 24 et Nazon.
Le Premier ministre a fermement condamné ces violences dans une déclaration officielle, assurant la population de sa solidarité. Pourtant, les actions concrètes tardent à se matérialiser. À Solino, la plupart des habitants ont dû abandonner leurs maisons sous la pression des gangs. La situation est similaire à Delmas 24 et Nazon, où de nombreux résidents ont également fui, laissant derrière eux des quartiers vides et dévastés par la peur. À Delmas 30, la population, bien que toujours sur place, vit dans une inquiétude permanente, craignant que la violence ne se rapproche encore plus.
Les déplacés se trouvent actuellement dans des bâtiments publics tels que l’annexe du ministère de l’Éducation à Nazon ou encore l’Office de Protection du Citoyen à Bourdon. Ils sont nombreux, des bébés, des vieillards et des enfants qui vivent dans des conditions déplorables, sans aucune certitude sur l’avenir. Leur situation est marquée par un profond désespoir, alors que l’aide se fait attendre et que le gouvernement peine à apporter des solutions efficaces.
Un problème qui s’aggrave
La crise sécuritaire en Haïti ne date pas d’hier. Avant Solino, d’autres quartiers comme Carrefour-Feuilles avaient déjà été désertés par leurs habitants, fuyant eux aussi les violences des gangs. Ces déplacés, qui ont trouvé refuge dans d’autres centres, notamment dans des établissements académiques comme la Faculté de Linguistique Appliquée (FLA) ou encore le ministère de la Culture et de la Communication, vivent dans des conditions précaires depuis plusieurs mois. Les habitants de Solino ne font que rejoindre cette longue liste de personnes déplacées internes, piégées dans une situation qui ne cesse d’empirer.
En dépit de la nomination de nouveaux ministres, comme Paul Antoine Bien-Aimé à l’Intérieur, Patrick Pélissier à la Justice, et Jean Harvel Victor Jean-Baptiste aux Affaires Étrangères, aucune avancée significative n’a été enregistrée dans la lutte contre l’insécurité. La reconduction de certains ministres, tels que Georges Wilbert Franck aux Affaires Sociales et Moïse Jean-Pierre Fils à l’Environnement, ne semble pas non plus apporter de changement notable face à l’urgence sécuritaire.
Une mission multinationale de soutien à la sécurité (MMAS), dirigée par le Kenya, a été déployée en Haïti avec pour objectif de soutenir la Police Nationale d’Haïti (PNH) dans sa lutte pour rétablir l’ordre et éradiquer les gangs qui paralysent le pays. Cependant, malgré la présence de ces troupes internationales, les gangs continuent de régner en maîtres dans les rues de la capitale et d’autres régions. Les violences ne cessent de croître, et la mission n’a pas l’impact espéré sur la situation. Plutôt que d’assister efficacement la PNH, la mission peine à s’imposer face à la force des groupes armés et l’ampleur de la crise.
Une population abandonnée
Tandis que la situation dégénère, une grande partie de la population haïtienne se sent abandonnée par les autorités, qui semblent plus préoccupées par les privilèges du pouvoir que par les souffrances de leurs concitoyens. Les services essentiels, tels que l’éducation et les soins de santé, sont interrompus, et l’économie est paralysée par l’insécurité. Les banques et les écoles restent fermées, et le trafic aérien commercial vers Haïti est suspendu.
Dans un contexte où l’insécurité gagne du terrain, il devient de plus en plus évident que les efforts du gouvernement pour rétablir l’ordre et assurer la sécurité des citoyens sont largement insuffisants. L’espoir de voir une amélioration de la situation semble de plus en plus lointain, et Haïti continue de s’effondrer sous le poids de cette crise sécuritaire inextricable.