La crise sécuritaire qui secoue Haïti a forcé des milliers de citoyens à fuir leurs foyers pour échapper à la violence des gangs armés. Depuis plusieurs jours, des violences de gangs plongent des quartiers comme Solino, Delmas 24 et Nazon dans la terreur et la désolation. Les habitants de ces zones, pris au piège, ont été contraints de tout abandonner, se réfugiant dans des bâtiments publics dans l’espoir de trouver un minimum de sécurité.
Les conditions de vie dans ces refuges improvisés sont déplorables. À l’annexe du ministère de l’Éducation à Nazon, où de nombreux déplacés se sont regroupés, les scènes de désespoir sont omniprésentes. Des familles entières, comprenant des bébés en bas âge, des enfants, des femmes enceintes et des personnes âgées, ont trouvé refuge dans des espaces exigus, faute de moyens ou de solutions proposées par le gouvernement. Les plus vulnérables, notamment les enfants et les personnes âgées, souffrent particulièrement dans ces conditions.
Parmi ces déplacés, beaucoup témoignent de leur douleur. « Nous avons tout perdu », dit une femme, les yeux remplis de larmes, tenant son bébé dans ses bras. « La violence a détruit nos vies, et maintenant, nous n’avons même pas de quoi nous nourrir. Nous vivons dans l’incertitude, sans savoir ce qui va arriver demain. » Les parents, épuisés par la peur et les longues journées passées à chercher de l’aide, ont du mal à expliquer à leurs enfants pourquoi leur vie a été brutalement bouleversée.
Les déplacés de l’Office de Protection du Citoyen à Bourdon, un autre site d’accueil, sont également dans une situation similaire. Ce bâtiment, conçu pour protéger les droits des citoyens, est devenu un abri de fortune pour ceux qui fuient les violences. Ici aussi, des familles entières survivent dans des conditions précaires, manquant d’eau potable, de nourriture et de soins médicaux. Les bébés pleurent dans les bras de leurs mères, souvent malades, et les vieillards, fatigués et maltraités par les événements, n’ont que peu de ressources pour faire face à l’angoisse de l’instabilité permanente.
Avant même la crise à Solino, d’autres quartiers de la capitale avaient déjà été gravement touchés par la violence des gangs, poussant leurs habitants à fuir. Parmi les plus affectés, Carrefour Feuilles a vu une exode massive de sa population, qui a dû chercher refuge dans divers centres d’accueil à travers la ville. Ces déplacés, souvent des familles entières, ont rejoint d’autres groupes de citoyens dans une situation de précarité similaire.
La population de Solino, confrontée à la violence des gangs, n’a fait que rejoindre un flot continu de réfugiés, apportant avec elle son lot de souffrances et de désespoir. Les conditions des centres d’accueil ne cessent de se détériorer, alors que l’aide reste insuffisante et que l’incertitude quant à l’avenir grandit chaque jour.
Les promesses du gouvernement, y compris celles du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, qui a exprimé sa solidarité avec la population et réaffirmé sa volonté de restaurer l’ordre, n’ont pas apporté de changement tangible pour ces déplacés. « Ils nous disent qu’ils vont régler le problème, mais rien ne change », explique un homme qui se trouve à l’annexe du ministère de l’Éducation. « On nous a dit que des solutions allaient arriver, mais nous n’avons vu ni aides ni soutien. Le seul soutien que nous recevons, c’est de nous retrouver entassés ici, sans avenir.»
Alors que les autorités semblent être dépassées par la situation, les déplacés n’ont d’autre choix que de continuer à vivre dans la peur, l’incertitude et le désespoir. La fermeture des écoles et des banques, ainsi que la suspension des vols commerciaux, ne font qu’aggraver cette situation d’urgence. Dans ces bâtiments publics, les déplacés attendent, sans savoir combien de temps ils devront encore vivre dans ces conditions insupportables.
Les autorités haïtiennes, dont l’incapacité à contenir la violence a été largement documentée, semblent avoir oublié que derrière chaque chiffre de déplacé, il y a une vie humaine, pleine de souffrance et de besoins urgents. Sans une aide immédiate et un engagement réel pour restaurer la sécurité, Haïti risque de voir sa situation se détériorer davantage, tandis que des milliers de citoyens continueront à se battre pour simplement survivre, dans l’indifférence apparente de leurs dirigeants.