Des membres de la population de Port-au-Prince continuent de s’installer dans des bâtiments logeant des institutions publiques. Après les locaux des lycées et de certains ministères, c’est le tour de la Faculté de Linguistique appliquée (FLA) d’être une victime directe de la violence aveugle et généralisée qui règne dans la capitale haïtienne.
Ce samedi 9 mars 2024, les locaux de la Faculté de Linguistique appliquée, de l’Université d’État d’Haïti (UEH), à la rue Dufort à Bois-Verna, ont été investis par des membres de la population. Cette dernière fuit la terreur des gangs armés qui multiplient leurs attaques contre les installations policières depuis plus d’une semaine. En ce sens, tout batiment public se trouvant en dehors de la sphère directe du théâtre des affrontements armés est susceptible de servir d’abris aux nombreux déplacés.
Entre un gouvernement indifférent et des gangs armés qui la terrorisent, la population haïtienne, particulièrement celle de Port-au-Prince, est abandonnée à son sort. Elle ne sait plus à quel saint se vouer. Malgré la détérioration de la situation ces derniers temps, et malgré tous les appels au secours de cette population qui n’en peut plus, la communauté internationale se contente d’exprimer ses inquiétudes. Cette communauté internationale ne cesse de répéter qu’elle est solidaire du peuple haïtien. Pendant ce temps, les Haïtiens meurent.
La Faculté de Linguistique appliquée, dernière victime en date de cette situation de chaos dans le pays, se débat depuis le séisme de 2010 pour se relever du choc terrible qu’elle a subi. Ce tremblement de terre avait presque décimé la faculté, emportant avec lui plus de 250 étudiants et 4 professeurs, dont son doyen fondateur, l’éminent scientifique Pierre Vernet. Le bâtiment de la faculté était aussi détruit avec tous ses matériels et la bibliothèque.
Aujourd’hui encore certains membres de la faculté portent dans leur chair les séquelles de ce maudit séisme. Pour certains, même s’ils ne portent pas de signes visibles sur leur peau, la plaie dans leur cœur reste béante en raison de ce qu’ils ont vécu lors de cet événement.
Il convient de noter que jusqu’à ce samedi 9 mars 2024, l’administration de la faculté et certaines salles de classe étaient encore logées dans des abris provisoires aménagés au lendemain du 12 janvier 2010. Ces abris temporaires ainsi qu’un nouveau batiment inachevé ont tous été occupés par les réfugiés.
Alors que les examens de la première session pour cette année académique 2023 – 2024 devaient débuter ce lundi 11 mars, pour les étudiants, le décanat, les professeurs et les membres de l’administration, c’est l’inquiétude totale compte tenu de l’évolution récente des événements.
Si les jeunes ne peuvent même plus aller à l’école et à l’université, il y a-t-il encore un peu d’espoir dans ce pays?