La Plateforme des Syndicats d’Enseignants Haïtiens, regroupant l’UNNOEH, la CNEH, la LINEH et la FENATEC, a organisé une conférence de presse le jeudi 28 novembre 2024. L’objectif était de dénoncer le mépris affiché par le ministre de l’Éducation nationale, Antoine Augustin, et par le gouvernement dans son ensemble face aux multiples revendications du secteur éducatif.
Le professeur Kenson Délice a vivement critiqué l’inaction du ministre six mois après sa prise de fonction. « Le ministre semble plus préoccupé par les privilèges liés à son poste que par la mission qui lui incombe. Il est inadmissible qu’aucune solution n’ait été apportée à nos revendications. Il doit reprendre les négociations et agir immédiatement », a-t-il déclaré.
Selon les syndicats, malgré une hausse du budget de l’éducation de 11 % à 26 %, les enseignants n’ont constaté aucun impact positif sur leurs conditions de travail. Ils dénoncent également l’insécurité généralisée qui entrave le bon fonctionnement des écoles, publiques comme privées, dont certaines servent de refuges pour les déplacés.
Un budget rectificatif pour répondre à la crise
La professeure Rose Thérèse Magalie Georges, de la CNEH, a insisté sur la nécessité d’un budget rectificatif pour répondre aux problèmes du système éducatif :
– Augmenter les salaires des enseignants, certains ne percevant que 18 000 gourdes par mois.
– Instaurer une grille salariale équitable valorisant l’expérience et les qualifications.
– Améliorer les conditions d’apprentissage dans les écoles et sécuriser les établissements.
Elle a également salué la proposition de Fritz Jean concernant un budget rectificatif pour l’insécurité, tout en soulignant que celle-ci est indissociable des problèmes éducatifs. « On ne peut pas résoudre la crise sécuritaire sans investir dans l’éducation », a-t-elle déclaré, appelant le gouvernement à agir de manière globale.
La menace de grève pour exiger des réponses
Face à l’absence de dialogue, les syndicats envisagent de passer à l’action. « Nous avons envoyé plusieurs lettres au ministère pour demander la reprise des négociations, mais elles sont restées sans réponse. Si rien ne change, nous déposerons un préavis de grève et lancerons un mouvement national », a averti Yvel Admettre, représentant de la LINEH.
Les syndicats dénoncent également une répartition inéquitable des ressources, affirmant que 80 % du budget de l’éducation sont destinés aux cadres du ministère, ne laissant que 20 % pour les salaires des enseignants et le fonctionnement des salles de classe.
Les enseignants exhortent le gouvernement et le ministre Antoine Augustin à reprendre les négociations et à répondre à leurs revendications pour éviter une paralysie totale du système éducatif.
Sans action rapide des autorités concernées, une grève nationale pourrait plonger le pays dans une crise encore plus profonde, compromettant l’avenir de milliers d’élèves haïtiens.