Les membres du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), ont prêté serment au Palais National, ce jeudi 25 avril 2024 alors que leur cérémonie d’installation a eu lieu à la Villa d’Accueil, Musseau, en présence des grands commis de l’État et des représentants du Corps diplomatique et consulaire.
Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire, Fritz Alphonse Jean, Edgard Leblanc Fils, Laurent Saint-Cyr, Leslie Voltaire, Smith Augustin, Régine Abraham et Frinel Joseph ont prêté serment ce jeudi matin 25 avril au Palais national. Ces personnalités constituant le Conseil présidentiel de transition prennent les rênes du pays pour un mandat de deux (2) ans environ.
« Je jure devant Dieu et devant la nation d’observer et de faire observer fidèlement la Constitution et les lois de la République, de respecter et de faire respecter les droits du peuple haïtien, de travailler à la grandeur de la patrie, de maintenir l’indépendance nationale et l’intégrité du territoire ». Tel est le serment prononcé par les membres du Conseil présidentiel de transition.
C’est le Premier ministre intérimaire Michel Patrick Boisvert qui a procédé à l’installation des membres du CPT. « La cérémonie de ce matin vous confère officiellement les rênes du destin de la nation. La besogne à abattre est de taille, tant les défis sont nombreux et immenses », déclare-t-il.
M. Boisvert attire l’attention du conseil présidentiel sur le fait que la population attende beaucoup de lui dans un contexte où tout devient prioritaire à côté de la sécurité, ajoute-t-il.
« Je reste convaincu que vous allez conduire le pays à bon port », déclare Michel Patrick Boisvert, tout en formulant le vœux que le Conseil arrive à mobiliser les moyens et les ressources adéquats afin d’atteindre les objectifs fixés dans l’intérêt du peuple haïtien.
Pour le Conseil présidentiel de transition, c’est Régine Abraham, la seule femme de l’équipe, qui a prononcé le discours de circonstance. Pour elle, ce jeudi ne marque que le premier jour du travail nécessaire pour rétablir l’ordre, la discipline, la paix et les conditions favorables à la création de richesses dans ce pays meurtri.
Elle a présenté les cinq (5) grands chantiers de son équipe. Il s’agit du rétablissement de la sécurité publique ; l’organisation de la conférence nationale et de la réforme constitutionnelle ; l’organisation des élections générales ; la restauration de la justice, de l’État de droit et des droits fondamentaux des citoyens et du redressement institutionnel et économique.
« C’est le début d’une quête collective visant à remettre notre pays sur la voie constitutionnelle et pour offrir une meilleure vie à toutes les filles et tous les fils d’Haïti », conclut Mme Abraham.
Le contexte de la création de ce Conseil présidentiel de transition
Le Conseil présidentiel de transition (CPT) est constitué de sept (7) membres votants et deux (2) membres observateurs non votants. Il a été officiellement créé par le décret du 12 avril 2024. Quant aux personnalités constituant le CPT, elles ont été nommées le mardi 16 avril de cette année.
La formule de Conseil présidentiel de transition pour diriger le pays après la démission du gouvernement Henry est le fruit d’une réunion de crise organisée en Jamaïque le lundi 11 mars 2024 par la Communauté des Caraïbes (Caricom), à laquelle ont pris part des acteurs politiques haïtiens. Cependant, le CPT ne fait pas l’unanimité.
Des structures et des personnalités politiques haïtiennes pensent que ce conseil de 7 membres et de 2 observateurs ne pourra pas fonctionner et plaident en faveur d’une transition dirigée par un président issu de la Cour de Cassation. Même des structures représentés au sein du Conseil, à savoir le Secteur Démocratique et Populaire (SDP), la Fusion des Sociaux-démocrates, entre autres, avaient affirmé que la formule la moins mauvaise pour doter le pays d’un président de transition était celle de la Cour de Cassation.
À noter que ce Conseil présidentiel de transition est arrivé à la tête du pays dans un contexte où la population fait face à une crise sécuritaire aiguë. Il succède à des dirigeants qui ont été contraints de démissionner en raison de la violence des gangs armés qui jusqu’à présent continuent de semer la terreur.
Le Premier ministre Ariel Henry dirigeant le pays depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse n’a même pas pu prendre part à la cérémonie d’installation du CPT. Se trouvant à Los Angeles, États-Unis, il a officiellement démissionné de son poste le mercredi 24 avril 2024.
La situation sécuritaire du pays est tellement critique que cette cérémonie d’installation qui aurait dû avoir lieu au Palais National s’est déroulée de préférence à la Villa d’Accueil, après la prestation de serment qui avait quand-même eu lieu au Palais national en catimini.
Au sein du Conseil, les sept membres avec droit de vote sont l’économiste Fritz Alphonse Jean issu de l’Accord du 30 août 2021 dit Accord Montana ; l’ex-Sénateur Louis Gérald Gilles qui représente l’Accord du 21 décembre 2022 ; l’ex-Sénateur Edgard Leblanc Fils désigné par le Collectif des Partis Politiques du 30 janvier 2023 ; l’ex-ambassadeur Smith Augustin représentant le regroupement EDE/RED/Compromis Historique ; l’architecte Leslie Voltaire de Fanmi Lavalas ; l’ex-juge Emmanuel Vertilaire du Parti Politique Pitit Dessalines et Laurent Saint-cyr issu du secteur Privé. Les deux observateurs sans droit de vote sont Régine Abraham du Rassemblement pour une entente nationale (REN) et Frinel Joseph de la Communauté Inter Foi.