Docteur Renan Hédouville, Protecteur du citoyen, appelle l’État haïtien à agir rapidement pour sauver l’Université d’État d’Haïti (UEH), gravement touchée par l’insécurité à Port-au-Prince. Il dénonce les attaques armées contre plusieurs facultés, qui compromettent le droit à l’éducation et l’avenir de milliers d’étudiants, et insiste sur la nécessité de mesures urgentes pour rétablir la sécurité et permettre la reprise des activités académiques.
Dans une correspondance adressée au Premier ministre Garry Conille, le Protecteur du citoyen, Dr Renan Hérouville, tire la sonnette d’alarme face à la situation critique que traverse l’Université d’État d’Haïti (UEH) en raison de l’insécurité généralisée à Port-au-Prince. Il est impératif, selon lui, que l’État haïtien prenne des mesures rapides et concrètes pour répondre à cette crise qui met en péril le droit fondamental à l’éducation, inscrit dans la Constitution haïtienne. L’Office de la Protection du Citoyen (OPC) rappelle que l’UEH, pilier du système d’enseignement supérieur haïtien, est actuellement incapable de fonctionner normalement en raison des violences armées.
Les attaques récentes dans le centre-ville de Port-au-Prince, menées par des gangs armés, ont touché plusieurs entités académiques de l’UEH, notamment la Faculté des Sciences, la Faculté de Droit et des Sciences Économiques, la Faculté d’Agronomie, l’École Normale Supérieure et l’École Nationale des Arts. Ces institutions ont été saccagées, et leur matériel académique, dont des livres et des équipements précieux, a été détruit ou volé. Selon le Recteur Fritz Deshommes, les pertes sont énormes et le retour à une situation normale semble, pour l’instant, hors de portée sans l’intervention urgente des autorités compétentes.
Concernant la Faculté de Linguistique Appliquée (FLA), elle se trouve dans un état désastreux. Ses locaux ont été envahis par des personnes déplacées, cherchant désespérément un réfugié en raison des violences qui ravagent la capitale. Ces installations, censées être des lieux de savoir et de recherche, sont devenues des abris temporaires, empêchant toute activité académique.
Monsieur Renan Hédouville souligne que l’impact de ces attaques va bien au-delà des simples dégâts matériels. Des centaines d’étudiants sont contraints d’abandonner leurs études, soit en fuyant la capitale pour des régions plus sûres, soit en quittant carrément le pays. Ceux qui persistent à étudier à Port-au-Prince le font dans des conditions précaires, marquées par la peur constante et le manque d’accès aux infrastructures universitaires. Cette crise a également provoqué une chute importante des inscriptions, menaçant ainsi la viabilité du système d’enseignement supérieur haïtien à long terme.
Une situation qui dépasse les moyens de l’OPC
Face à cette situation, l’OPC a pris l’initiative d’accueillir depuis avril 2024 plus de 300 étudiants de la Faculté de Droit et des Sciences Économiques dans ses locaux de Bourdon. Bien que cette action soit nécessaire pour sauver l’année académique de ces étudiants, elle dépasse les moyens limités de l’OPC, dont les ressources financières ont récemment été réduites par le Trésor Public.
Pour Renan Hédouville, la responsabilité première de garantir le droit à l’éducation revient à l’État. Il rappelle que l’article 19 de la Constitution haïtienne et les instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme obligent l’État à assurer la protection de ce droit. C’est pourquoi il exhorte le gouvernement à agir de concert avec le Rectorat de l’UEH pour mettre en place des mesures sécuritaires et matérielles permettant la reprise des activités académiques dans toutes les entités de l’université.
En outre, Hédouville attire l’attention sur la situation des nombreux déplacés internes qui ont trouvé refuge dans les locaux de certaines facultés de l’UEH, exacerbant la crise humanitaire. Cette réalité, selon lui, devrait inciter les autorités à considérer la crise universitaire comme une priorité nationale.
L’éducation, conclut Renan Hédouville, est une voie essentielle vers le développement durable et l’émancipation personnelle. Négliger l’avenir de l’UEH, c’est compromettre non seulement l’avenir des jeunes haïtiens, mais aussi celui du pays dans son ensemble.