Depuis la nomination d’Alix Didier Fils-Aimé au poste de Premier ministre, le 11 novembre 2024, en remplacement de Garry Conille, la situation sécuritaire en Haïti connaît une détérioration alarmante. La capitale, Port-au-Prince, déjà fragilisée par des années de violence, fait désormais face à une vague de terreur sans précédent, marquée par l’escalade des activités criminelles orchestrées par les gangs « Viv Ansanm ».
Ces groupes armés sèment le chaos dans plusieurs quartiers clés de la ville, notamment Solino, Delmas 24, et Nazon. À Solino, la population n’a eu d’autre choix que de fuir en masse, laissant derrière eux leurs maisons, prises en otage par des affrontements incessants. À Delmas 24 et Nazon, des scènes similaires se jouent, avec des résidents quittant précipitamment la zone dans l’espoir de trouver refuge ailleurs. Bien que Delmas 30, situé à proximité, n’ait pas encore été touché de plein fouet, la peur gagne du terrain parmi ses habitants.
Les récits de violence à Solino sont glaçants : des membres de la population locale sont régulièrement tués ou blessés par balles, transformant le quartier en véritable champ de bataille. La capacité des forces de sécurité locales et internationales à contenir cette menace semble limitée, malgré la présence de la force kenyane, déployée pour soutenir la Police nationale d’Haïti (PNH). Toutefois, cette mission, qui devait restaurer la stabilité, montre déjà des signes d’inefficacité face à la complexité de la situation.
Cette montée en flèche de l’insécurité a des répercussions dévastatrices sur le fonctionnement de la capitale. Depuis plusieurs jours, les vols commerciaux vers et depuis Haïti sont suspendus, isolant davantage le pays du reste du monde. La circulation à Port-au-Prince est pratiquement paralysée, et les activités économiques sont à l’arrêt : les écoles, les banques et la plupart des entreprises ont fermé leurs portes. Cette crise, qui semblait temporaire, persiste et plonge le pays dans une incertitude totale.
Alors que la population s’interroge sur la durée de cette situation, l’angoisse croît quant à l’avenir proche. L’inaction prolongée pourrait avoir des conséquences encore plus graves sur la stabilité du pays, déjà au bord du gouffre.
Face à cette réalité, les appels à une réponse internationale plus robuste se multiplient. Cependant, la solution à cette crise semble aussi complexe que les causes profondes de l’insécurité en Haïti, où les gangs armés continuent de défier l’État, menaçant la sécurité et la survie de millions de personnes.
Alors que la population haïtienne fait face à une insécurité croissante et à des conditions de vie de plus en plus précaires, les autorités haïtiennes semblent détachées des préoccupations urgentes du peuple. Plutôt que de se mobiliser pour trouver des solutions concrètes à la crise, une partie de la classe dirigeante se concentre davantage sur les privilèges et le luxe qu’offre le pouvoir.
Le silence prolongé de nombreux responsables face à la violence des gangs et l’inaction apparente des dirigeants témoignent d’une priorité mal placée, laissant une population démunie face à une menace grandissante. Cette déconnexion entre les autorités et les citoyens renforce un sentiment d’abandon qui, pour beaucoup, rend l’espoir d’un retour à la sécurité de plus en plus lointain.